« C’est ça, être vieux : être d’attaque à l’aube, quand il n’y a plus rien à attaquer… C’était cela aussi, vieillir : devenir peu à peu étranger au monde. »
Eric Bonnargent

Les comptes-rendus-avis de lecture de la librairie Vaux Livres

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Romans traduits par Geneviève Leibrich

Jim GRIMSLEY

L'enfant des eaux
Métailié

3 | 248 pages | 22-04-2011 | 11.5€

Ellen, dernière survivante de sa famille, a environ 60 ans lorsqu'elle se remémore son enfance en Caroline du Nord. Elle mêle rêves et souvenirs, images vraies ou non l'ayant marquée. Elle appartient à un milieu où la vie est dure, âpre. Personne n'est épargné, surtout pas les enfants et encore moins les femmes. Sa mère aura onze enfants, deux disparaissant rapidement, se battra quotidiennement pour leur donner simplement à manger. Le père et les frères boivent, frappent, se font servir. Les souvenirs déferlent, un à un, s'enchaînent, s'emboîtent, image après image. Un rêve revient sans cesse, sa mère s'enfonçant lentement dans la rivière, cette mère qu'elle attend toujours et dont l'amour continue de lui manquer.

"... je sais que c'est parce que je suis veille et que toutes les rivières de ma mémoire s'élancent irrévocablement vers la mer... Je suis assez vieille pour qu'un souvenir devienne aussi réel que la réalité elle-même."

Fiche #935
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Geneviève Leibrich


Bernard CARVALHO

'Ta mère
Métailié

2 | 209 pages | 14-09-2010 | 17.5€

Bernard Carvalho nous propose un portrait douloureux de Saint-Pétersbourg et des femmes, ou plutôt des mères, qui l’habitent. On est loin du superbe Saint-Pétersbourg loué par les touristes à leur retour : « C’est la ville la plus artificielle de toutes. En trois siècles on a essayé vainement de la nommer trois fois. Un nom par siècle. On a construit trois cents ponts, un pour chaque année, mais aucune ne mène nulle part. Personne ne sortira jamais d’ici ». Alors que la ville prépare les manifestations de son tricentenaire, la guerre en Tchétchénie gronde et les fils du peuple, sans argent, sans appui, sans certificat médical ne peuvent y échapper. Les mères se sentent impuissantes mais ne peuvent accepter l’inexorable destin de leurs fils. Un combat à mort : « Les mères ont davantage à voir avec les guerres qu’elles n’imaginent. C’est le contraire de ce que tout le monde pense. Il ne peut y avoir de guerre sans mères. Plus que quiconque, les mères ont horreur de perdre. Nous sommes capables de tout pour éviter la mort d’un fils. ». Les mères se retrouvent au centre de cet immense gâchis où certains hommes se jouent de la vie des autres tels des marionnettistes cruels. Les histoires s’entrelacent, les points de vue s’opposent, se rejoignent avec comme toile de fond la guerre et la lutte de mères pour leurs fils, contre leur désespoir et leur sacrifice.

Fiche #831
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Geneviève Leibrich


José SARAMAGO

La lucidité
Le Seuil

1 | 384 pages | 24-10-2006 | 22.3€

Alors que les dates des élections présidentielles françaises 2007 viennent d’être publiées, José Saramago nous propose un préambule inquiétant, éventuellement réaliste, et toujours pessimiste. Dans « L’aveuglement », il nous faisait rencontrer les habitants d’un pays qui devenaient aveugles à l’exception d’une femme, témoin des évènements. A la fin du roman, les survivants recouvraient la vue et aucune explication ne pouvait éclairer cette épisode tragique. Quatre ans plus tard, nous retrouvons cette cité et ses habitants dans « La lucidité ». Une nouvelle épidémie frappe cette contrée : les votes blancs aux élections sont majoritaires, 83% de votes blancs sans aucune abstention ! Que croyez-vous qu’il arriva ? Un questionnement, des remises en question individuelles ou collectives ? Que nenni ! Le gouvernement crie à la conspiration, quitte la ville qu’il place en quarantaine et décide de punir les habitants. Conspiration, coups tordus s’enchaînent pour trouver les coupables et le meneur de cette insurrection. Certains se souviennent alors de la première épidémie et trouvent le conspirateur dans la femme qui y avait échappé. Cependant, un homme chargé de l’enquête refuse ce nouveau type de chasse à la sorcière ce qui lui coutera cher...

Fiche #165
Thème(s) : Littérature étrangère
Traduction : Geneviève Leibrich